Le Centre Maurice Halbwachs (CNRS-EHESS-ENS), le Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS-CNRS-INSERM), le Groupe de sociologie pragmatique et réflexive (EHESS), la Faculté des sciences sociales et politiques (Université de Lausanne), l’équipe du Cresson (AAU-CNRS-Université de Grenoble), le Metrolab (Bruxelles), et Origens Media Lab (ESC Clermont), avec le soutien de l’INSHS du CNRS, des PRI « Terrains du droit » et « Pragmatisme et sciences sociales » de l’EHESS et de l’Association Pragmata co-organisent une école thématique du CNRS:
Pragmatisme et enquêtes empiriques en sciences sociales : sur le terrain du politique
24-29 juin 2019
Porquerolles, IGESA
Cette école thématique proposera une formation axée sur les apports du pragmatisme américain, et de ses héritages en sciences sociales, à l’enquête empirique sur le terrain du politique.
Par pragmatisme, nous entendons le mouvement philosophique qui s’est développé aux États-Unis des années 1880 aux années 1930, dont les représentants les plus connus sont Charles S. Peirce, William James, John Dewey, George H. Mead. Ce courant philosophique a eu très tôt des échos en sciences sociales, mais aussi dans le travail social et l’organisation communautaire, à travers les figures de Jane Addams, Robert E. Park, Mary P. Follett, Edward Sapir ou Charles W. Morris. Depuis déjà trois décennies, cette perspective connaît un regain d’intérêt partout dans le monde, particulièrement en Europe (European Pragmatist Association) et en France (Pragmata). Cette école thématique sera l’occasion de renforcer cette diffusion de savoirs, en l’étendant au domaine du politique, qui suscite un intérêt croissant de la part des chercheurs et des praticiens s’inspirant de la tradition pragmatiste.
L’objectif principal de l’école sera de former des enseignants-chercheurs et d’autres enquêteurs aux approches pragmatistes, et à la façon dont elles permettent de renouveler la compréhension et les modes d’enquête sur le politique et la démocratie, en rassemblant et en faisant dialoguer des chercheurs de différentes disciplines. À partir de leurs investigations empiriques, les sessions permettront aux participants de mettre en commun des perspectives et des lectures variées des apports du pragmatisme à la compréhension du politique.
Différentes thématiques baliseront les réflexions.
Un certain nombre de recherches ont déjà été menées dans le monde francophone, que ce soit dans le domaine de l’enquête sur les activités de travail, dans des organisations privées ou publiques, ou sur la fabrique de la ville, son expérience par les passants, les habitants ou les étrangers, et le domaine des interactions civiles. Le pragmatisme,est également devenu une référence incontournable en sociologie des expérimentations, des transformations et des controverses, ou en sociologie des mobilisations collectives et des problèmes publics. Un bilan sera fait sur l’état actuel de ces recherches.
La question de la « valuation » est devenue plus récemment un thème majeur, transverse aux sciences sociales, à l’échelle internationale, que ce soit en sociologie, en gestion, en économie ou en écologie. En engageant ainsi à revenir sur le rapport des faits aux valeurs, et à documenter leur genèse, la tradition pragmatiste n’amène pas seulement à interroger la portée politique des espaces publics ou des espaces de travail. Elle peut aussi renouveler la question même de la démocratie, au travail comme au dehors, en la ré-envisageant, empiriquement, depuis les enquêtes ordinaires des personnes, dans leurs milieux de vie, et ce qui s’y fabrique – quels engagements, quel(s) commun(s), quelles participations ?
Ensuite, une portée politique de la démarche pragmatiste se manifeste par les nouvelles alliances de terrain ou co-enquêtes qu’elle amène à nouer, et ses nombreuses implications en matière de conception du soin (care) et d’attention portée à la fragilité des êtres et des états de choses. Elle inspire en ce sens de nombreuses enquêtes sur le travail social, le soin infirmier ou psychiatrique et les formes de vulnérabilité (sans-abris, réfugiés, personnes en situation de handicap, etc.), autant que des enquêtes menées dans et avec les mondes en train de se (dé)faire que multiplie la crise écologique ou « l’anthropocène ».
Enfin, sur le terrain du politique plus institué, le réalisme juridique, auquel les noms de O. W. Holmes, Roscoe Pound ou K. Llewellyn sont associés, a été largement influencé par le pragmatisme, même si cette filiation est rarement soulignée. Dewey et Follett ont eux-même écrit des textes sur le droit qui donnent une feuille de route pour une étude pragmatiste du droit. La perspective Law and Society qui émerge dans les années 1960 s’inscrit dans la continuité de cet apport initial. Un des enjeux d’une reprise de ces textes pourra être de réévaluer leur intérêt et leur pertinence pour une sociologie empirique des activités juridiques.
Il s’agit donc à la fois de forger et éprouver de nouveaux concepts d’analyse (empruntés à la philosophie, mais aussi à l’économie institutionnaliste, au réalisme juridique, à la sociologie pragmatiste, à l’histoire progressiste, etc.) et de circonscrire de nouveaux objets d’enquête, ou d’appliquer au politique des méthodes d’enquête éprouvées sur d’autres terrains (en réactivant les questions de théorie de la connaissance, mais aussi d’éthique et de politique de l’enquête, développées par les pragmatistes classiques).
Format de l’Ecole thématique
L’école consistera en une succession de conférences organisées autour de domaines thématiques (ville, citoyenneté, travail, anthropocène, institutions, droit), où se repèrent aujourd’hui les apports d’une approche pragmatiste sur le terrain du politique, qui rend aussi ces domaines largement sécants. Les conférenciers seront invités à présenter des études empiriques, en donnant à voir ce qu’ils font des textes pragmatistes dans leur activité de recherche. Ils synthétiseront les lignées de travaux de recherche dans lesquelles ils s’inscrivent et exposeront quelques résultats, et les enjeux les plus contemporains de cette reprise du pragmatisme.
À la suite de ces conférences, des ateliers permettront aux participants de s’approprier ces perspectives et ces concepts en discutant avec les conférenciers de leurs possibles usages dans leurs propres domaines de recherche scientifique et/ou de pratique.
Les journées seront divisées en trois sessions : une le matin (9h30-12h00) et deux l’après-midi (13h30-16h00, 16h30-19h00). Chacune de ces sessions comprendra une conférence d’une heure suivie d’un atelier d’une heure trente, qui fonctionnera comme un espace d’échanges et d’appropriation des concepts et de leurs usages.
Qui peut candidater ?
Cette école thématique s’adresse aux chercheurs CNRS (juniors et seniors), enseignants-chercheurs et doctorants en sciences sociales, économiques et politiques, ainsi qu’en histoire, gestion, travail social, arts plastiques et administration publique. Nous souhaitons aussi encourager les personnels scientifiques d’autres institutions et les praticiens de tous les domaines concernés par l’héritage pragmatiste à candidater.
Il importe d’avoir une forme d’intérêt pour l’une ou l’autre version du pragmatisme, et il est bien sûr préférable d’avoir lu les classiques, mais en même temps, ce qui primera, ce seront les usages empiriques qui en sont faits. Les présentations s’efforceront d’être accessibles et formulées en termes simples, de façon à inclure le plus grand nombre. Mais l’école thématique s’adresse davantage à des chercheurs et chercheuses tourné(e)s vers l’enquête empirique et la pratique qu’à des philosophes au sens classique du terme.
Les conférenciers mettront à disposition le matériel pédagogique, auquel les participants pourront accéder à l’avance.
Prise en charge des frais de participation
- Les frais de repas et d’hébergement sont assurés pour tous les participants de l’école thématique, du dîner du 24 au petit-déjeuner du 29 juin.
- Pour les agents CNRS, les frais de transport seront pris sur les crédits « formation » de votre délégation régionale.
- Pour les agents non CNRS, les frais de transport sont à la charge des participants ou de leurs institutions. Les doctorant(e)s et jeunes chercheurs et chercheuses, en cas de non-prise en charge par leurs institutions, pourront nous solliciter.
Inscriptions
Afin de candidater, veuillez nous communiquer :
- Un curriculum vitae (2 pages)
- La fiche d’inscription complétée
Outre les conférenciers, une vingtaine de participants seront retenus pour cette école thématique. La sélection par le comité d’organisation se fera sur dossier.
Les dossiers sont à renvoyer à cette adresse avant le 17 mars 2019 :
ecoleporquerolles@gmail.com
Vous recevrez une réponse le 31 mars 2019.
Jour d’arrivée à Porquerolles : le 24 juin 2019
Jour de départ de Porquerolles : le 29 juin 2019
Les participants, comme les intervenants, s’engagent pour l’ensemble du séjour.
Liste des premiers intervenants (des laboratoires qui cofinancent l’école thématique):
- Mathieu Berger (Metrolab, Bruxelles, UC Louvain)
- Alexandra Bidet (CNRS, CMH)
- Daniel Cefaï (EHESS, CEMS)
- Francis Chateauraynaud (EHESS, GSPR)
- Josquin Debaz (EHESS, GSPR)
- Carole Gayet-Viaud (CNRS, CESDIP)
- Philippe Gonzalez (Université Lausanne)
- Antoine Hennion (Ecole des Mines, CSI)
- Laurence Kaufmann (Université Lausanne)
- Erwan Le Méner (EHESS, CEMS)
- Jean Paul Thibaud (CNRS, AAU, équipe Cresson)
- Rachel Thomas (CNRS, AAU, Equipe Cresson)
Modalités d’accès
L’école se tiendra sur l’île de Porquerolles dans le Var au Centre IGESA :
Hôtel club IGESA (Centre de loisirs sportifs des Armées)
Rue de la Douane
Ile de Porquerolles
83 400 Hyères
Tel : 04 94 12 31 80
Il faut 20 minutes de bateau (19,50 euros l’aller-retour) depuis le port de la Tour Fondue situé à l’extrémité de la presqu’île de Giens. Les horaires sont accessibles en ligne : https://www.tlv-tvm.com/horaires-tarifs-horaires-2/
On accède à l’embarcadère :
Par train
- la station SNCF la plus proche est Hyères. Depuis la station, prendre le bus 67 jusqu’à « La Tour Fondue » (Giens), départ des bateaux pour Porquerolles. Durée : 25mn
- depuis Toulon, il est aussi possible de prendre le bus 39 (ou certains bus 29) en direction de « Gare routière de Hyères », puis le bus 67 jusqu’à « La Tour Fondue » (Giens). Durée : 1h30mn.
Par avion
L’aéroport le plus proche est celui de Toulon-Hyères, puis 10mn de taxi jusqu’à l’embarcadère pour Porquerolles (« La Tour fondue », Giens).
Modalités d’hébergement
Merci de noter qu’une chambre simple ne peut être garantie qu’aux intervenants. Les autres participants seront hébergés dans des chambres doubles. En cas de disponibilité, des chambres simples, en nombre limité, pourront toutefois être proposées à l’arrivée à ceux qui le désireraient.
Formulaire de préinscription – Porquerolles 24-29 juin 2019